Order of the Celestial Knights
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La nuit tombait, leste et calme alors que dans le jardin protégé de grandes clôtures de fer à la gothique, des lanternes magiques s’allumant comme par automatisme d’une lueur orangée et des poissons laissaient leur écaille s’illuminer dans l’eau froide, presque glacée. La pluie tombait en fine goûte, hésitation entre la pluie et la glace, douloureuse sur la peau, trop chaude pour posséder la morsure cruelle du la glace, mais aussi, sinon plus désagréable encore que celle-ci. L’air saturé d’humidité était frais et odorant de la nature et de fleurs, agréable et légèrement âcre goût automnal de feuilles déchues aux couleurs suintantes et flagrantes, toujours attachées à leurs arbres. L’endroit prenait des allures presque féeriques, mélange des trois contrées unies en un seul monde de merveilles. Le jardin secret de la Villa Hope, lieu inspirant mystère et secret, somptueux sans dans sa sobriété. Peu y étaient invités, mais l’on invitait souvent le jeune marchand à venir à peu importe le thé, le banquet, ou festivités qui avaient lieu dans la noblesse. Hope, personnage mystère s’y montrait, en style et attisant curiosité, sans la moindre préférence, y allant de ses disponibilités.

L'intérieur aussi sobre que l'extérieur, l'endroit n'avait rien d'excessif, jamais austère et même chaleureuse, la place respirait la vie, l'amour de vivre et de voyager. Éparpillés, se trouvaient grandes cartes géographiques, peintures de partout, rideau tissés qui rendaient l'endroit autrement plus confortable que n'importe quel nid. Le grand hall supportait un minuscule boudoir où les invités prenaient le thé en attendant, s'émerveillant des tissus encadrés comme des peintures. La demeure Hope avait pour âme, à qui l’avait visitée, une gigantesque librairie où on trouvait dans la section privée un magnifique bureau avec une baie vitrée dont les rideaux s’ouvraient le soir plutôt que le jour. Si l’endroit pouvait paraître fabuleux, il ne l’était que dans sa sobriété. Un foyer savait réchauffer le coin agréable où des luminaires de l’empire lumière prônaient. Mais cet endroit était vide à cet instant, car sortant de la bibliothèque, on trouvait les appartements du maîtres de lieux qui était encore profondément endormi d'un sommeil sans rêve, ce genre de sommeil lourd semblable à la mort, respirant à peine sous les nombreuses couvertures de son grand lit à baldaquin voilé de gaze marine. La chambre plus claire que les autres de par ses murs clairs inspirait un calme profond, aux fenêtres trônaient de petits sofas de confort, rien d'extravagant. Des commodes s'emplissaient de boîtier de tissus de partout qui lorsqu'arrangés, prenaient la forme de vêtements complexes et agréables au regard.

Antoine, d'un pas inquiet, quitta la chambre, croisant le regard d'une servante de plusieurs années son aînée. L'amour protectif que chaque membre de la maisonnée éprouvait pour le maître des lieux, permissif et doux, généreux et aimant était quelque chose de rarement vu. Ils savaient le traiter avec autant de respect que de familiarité. Une autre servante mit pied à la porte. La chose surprenante des lieux était probablement l'habillement des serviteurs, toujours propre et sobre, presque bourgeois de leur accoutrement: Hope aimait les tissus de l'empire lumière et ne savait s'empêcher de vouloir les faire porter à ses serviteurs, il utilisait les plus solides et les moins coûteux, mais il n'en restait que les vêtements pouvaient être magnifique comme confortables malgré leur uniformité.

-Maître Hope est enfin de retour… il nous ramènera des couleurs... Mais il…

Antoine lui sourit, lui expliqua la faible constitution de leur maître. Il avait pressé le cheval, mais même ainsi il avait dû transporter le maître aux bains puis au lit, sans oublier de traîner à sa suite ce fichu inconnu qui venait de prendre place dans la chambre des invités. Il ignorait ce qui avait dû passer par la tête de Klaudius, mais l'homme gris les avait retardés.

D'un pas pourtant enjoué, content de retrouver le logis, Antoine sortit sa montre à loquet et courut aux cuisine où on lui servit un repas chaud à l'arôme tout simplement merveilleux. L'attendant encore enfant partit ensuite d'un pas rapide voir son cheval dont le palefrenier prenait déjà grand soin. L'inquiétude quitta son visage d'adolescent, l'étalon avait besoin de repos, ils avaient eu la chance de pouvoir partir alors que le navigateur prenait le soin de ranger la cargaison dans l'entrepôt à sec de Hope au grand port. Son visage s'éclaira en pensant à son maître, plongeant le regard dans une flaque d'eau il y vit son père, une fierté sans nom le fit presque voler, il avait rêvé de pouvoir un jour servir les Hope. Son père avait d'abord servi Abigail Hope, puis le jeune Klaudius. Il avait dramatiquement changé au contact de l'adolescent; en lui était né quelque chose qui dépassait la fierté. Quand Antoine toucha ses quinze ans, il lui fit rencontrer Hope pour la première fois. Le jeune apprenti compris ce qu'était Klaudius et comprit son père, mais son adoration fut plus démesurée, derrière son sombre regard se cachait un rêve de romance qu'il balayait dans un sombre recoin de son esprit avec tact.

Il ajusta sa chemise et courut comme un gamin sous la pluie, arrivant fripon sous le regard bienveillant de la cuisinière qui le chassa d'un grand mouvement dans la salle des bains. Il en sortit plus propre qu'il ne l'avait été depuis le début du voyage puis prit plusieurs minutes pour s'enfoncer dans l'esprit son devoir d'attendant. Proprement habillé pour l'intérieur, il retourna aux cuisines où un plateau rempli des victuailles des invités lui fut confié, repas grandiose mais léger pour le nouvel arrivant qui était arrivé dans un pire état que maître des lieux. Prenant le chemin de l'aile des visiteurs, le jeune homme cogna à la porte, se raidit, d'un droitisme et d'une politesse sans faille, se permit d'ouvrir la porte et installa sur la table le repas avant de s'approcher de l'homme qui dormait depuis près de neuf heure dans le grand lit. La chambre, rien de grandiose, restait une merveille pour le regard et Antoine malgré l'habitude à ce décors, s'en délecta avant de dire d'une voix forte:

-Monsieur, il est temps de vous réveiller, vous devez manger.

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" Lee, aujourd’hui tu feras l’entraînement sans moi. Je… Je dois aller… Je reviendrais demain dans la journée. "
" Zach… "
Il était déjà partit, claquant la porte dans sa précipitation. Dans la chambre voisine, il y eut un juron hargneux sur les gens qui ne savent pas respecter le sommeil des honnêtes hommes. La fillette entendit des pas débouler les marches, la clochette de l’entrée, et se précipita à la fenêtre à temps pour voir son maître disparaître sous la pluie, silhouette grise sur font de grisaille, comme un fantôme s’évanouissant dans le brouillard. Sur le choc, elle se laissa glisser le long du mur et se retrouva au sol, les genoux repliés contre sa poitrine et ses bras serrant ses jambes comme un naufrager s’agrippe à une bouée de sauvetage. Le silence tomba sur ses épaules trop frêles, et ce fut comme une main invisible la prenant à la gorge.
" Zach… "
La journée avait commencé comme d’habitude, pourtant. Mais il y avait eut cette lettre. Cette foutu lettre dont elle ne savait rien du contenu, mais qui était parvenu pourtant à rendre Zach… à rendre Zach dans un état si terrifiant…
" Merde! Mais merde!! "
Son poing s’abattit sur le mur, faisant crier de protestation les planches de bois. Cela ne parvint pas à calmer toute sa colère, sa frustration. Son sentiment d’impuissance.
" Sale mentor de merde!! "
Second coup de poing. Puissant. Le mur craqua et elle sentit des échardes s’enfoncer dans sa peau tendre, mais ce ne fut pas aussi douloureux que le remord d’avoir osé penser une telle chose du chevalier. Moonlight ne méritait pas ses blâmes, pas après tout ce qu’il avait fait pour elle. Perdue, toujours aussi troublée par la conduite de son maître, Lee laissa errer son regard sur la pièce, dans l’espoir de trouver quelque chose, n’importe quoi, sur lequel s’accrocher. C’est a se moment-là qu’elle réalisa, en découvrant le manteau sur le lit et les bottes près du foyer, que l’homme s’était enfuit sans même se couvrir.

La porte claqua, les pieds déboulèrent les marches, la cloche de l’entrée sonna à la volée. Le son assourdissant de la pluie emplit ses oreilles de l’inquiétant crépitement de l’eau. Le manteau gris-violet sur le bras, sa cape fourrure de renard nouée de travers et le capuchon rebattu sur sa tête, Wildcatt parcouru la place de ses grands yeux bleus écarquillés d’inquiétude. Nulle trace du chevalier. C’était trop tard… Non, là, quelques traces de pas s’enfonçant dans la glaise, se remplissant déjà d’eau glaciale. La rouquine s’élança à leur suite en criant à plein poumon le nom de son maître, espérant qu’il l’entende et réponde à son appel. En vain. Il s’emblait s’être évaporé. Et à mesure qu’elle s’approchait du marché, sa piste se mêlait aux traces des calèches, des chevaux, des passants… Jusqu’à finalement se brouiller totalement. C’était devenu sans espoir. Wildcatt avait faim. L’heure du midi était passé depuis longtemps, sa cape devenait lourde à mesure qu’elle prenait l’eau, le froid mordait ses jambes et son visage. Chaque muscles de son corps enfantin criait de douleur, fourbus, et son cœur pompait si vite qu’elle avait l’impression que sa tête allait exploser. Le manteau gris pendait tristement sur son bras, comme ayant déjà abandonné l’idée de retrouver son possesseur. Elle retourna à l’auberge avec l’écœurante impression de trahir cet homme qui était devenu, à force, comme un grand frère. Le propriétaire l’accueillit avec une soupe chaude et épaisse, se renseignant avec tout autant d’inquiétude sur l’absence de l’argenté. Lee fut incapable de lui répondre, se contentant de mâcher sans grande motivation les légumes flottant dans son potage, caressant sans réellement le réaliser le manteau gris qui avait échoué près d’elle. Puis elle monta à sa chambre et n’en bougea plus. À genoux sur le plancher de la pièce, elle fit brûler de l’encens et adressa une prière au Kami pour qu’il envoi vers Zachary une âme généreuse pouvant sauver son esprit en détresse. La nuit tomba. Toujours aucun nouvelle du chevalier. Elle ne savait même plus s’il allait respecter sa promesse de revenir le lendemain. Elle toucha à peine le poulet qu’on lui servit, pourtant son repas préféré. Et elle médita le reste de la soirée, jusqu’à ce que, épuisée, elle se love en boule sous les draps, serrant contre elle le manteau de Moonlight qui ne l’avait plus quitté.
" Quand je te retrouverais, je te jure de t’éclater la mâchoire, sale enfoiré. "
Mais ses paroles n’avaient rien de convaincu, elles sonnaient creuses dans sa bouche pâteuse. Trop de tristesse faisait vibrer sa voix. Cette nuit-là, Lee s’endormit pour une nuit de cauchemar.


*~*

Zachary se réveilla en délirant. Ses cheveux encore humides collaient à son front fiévreux, la sueur coulait de ses tempes brûlantes. Vitreux comme le regard d’un aveugle, ses yeux verts étaient exorbités en un rictus d’horreur. La migraine martelait son crâne à le rendre fou. Et il appelait Mary. Avec désespoir. Comme un enfant perdu appel sa mère en tendant les bras. Cela dura tout au plus une dizaine de minutes, à se débattre contre ses cauchemars dans des draps rendus suintants, jusqu’à ce qu’il retombe, épuisé, et s’endorme enfin d’un sommeil sans rêve. Le temps s’écoula, il ne saurait dire. Quand il ouvrit de nouveau les yeux, il était conscient. Pleinement conscient, et ce probablement pour la première fois depuis ce matin. Et il toussait. Une toux creuse, puissante, profonde, une toux à s’arracher les poumons à vif. Une toux qui le terrorisa. En un éclair, il se revit à trois ans, faible et sur le bord du gouffre, abandonné dans son lit d’hôpital. Il revit Mary, ses cheveux blancs et ses lèvres vomissant un sang si opaque qu’il en était presque noir. Affolé au-delà du possible, il se releva d’un bond, le regard fou, et leva ses mains devant ses yeux pour les crisper en poings. De longues secondes, il plia et déplia ses doigts, et quand il fut persuadé que ses membres n’étaient pas paralysés, il se laissa retomber sur le dos avec un soulagement indescriptible.

Ce n’était pas ça. Ce n’était qu’une grippe. Juste une grippe. Il en eut presque pleuré de joie. Juste une grippe. Pas étonnant, après tout. Combien d’heures était-il resté sous la pluie, à errer comme une âme en peine, sans même de quoi pour se couvrir? Combien de temps? Presque une journée complète, et n’eut été son mystérieux protecteur, probablement y serait-il resté la nuit entière. Et serait mort de froid dans une ruelle, sans espoir. Sans rêve. Il eut une pensée pour Lee à cette image. Qu’aurait-elle fait sans lui? Il l’aurait brisée, anéantie, égoïstement et stupidement, parce qu’il aurait périt en l’abandonnant sans famille et sans guide. Elle ne méritait pas ça. Mary non plus ne l’avait pas mérité. Elle aurait dû vivre. Heureuse. Avec lui, à Gaïa. Son corps fut parcourut d’un tremblement soudain et il toussa de nouveau. À quand remontait cette dernière fois où il avait été malade comme un chien? Sa migraine l’empêcha de remonter dans ses souvenirs. Tentant de l’ignorer comme il pouvait, il se laissa aller à l’observation de ce qui l’entourait. C’est à ce moment-là qu’il prit conscience, enfin, de l’endroit où il se trouvait. On l’avait couché dans un lit vaste, moelleux, aux oreillers rembourrés de duvets et aux draps de soie précieuse. Les baldaquins étaient tirés, lui cachant le reste de la pièce. C’était un tissu lourd, sombre, opaque, quasiment plus une barrière qu’un rideau. L’homme qui possédait ce lit meuble de choix devait être aisé financièrement. Un noble, sûrement, ou bien un bourgeois de la haute. Et ça, c’était sans compter la calèche, moyen de locomotion du plus grand luxe. Cette constatation rappela à Zachary une désagréable histoire, ou plutôt ce qu’il qualifierait de rumeurs grivoises de mauvais goût qu’on entendait souvent chez les chevaliers, et qui disait comme quoi certains riches seigneurs aimaient bien, disons, la compagnie de beaux et jeunes garçons dans leur chambre… Le souvenir de la main blanche et des yeux brillants dans l’obscurité lui revint à l’esprit, et un frisson d’horreur lui remonta le long de la colonne vertébrale, déclenchant une quinte de toux particulièrement douloureuse qui le fit presque larmoyer. En espérant qu’il soit assez malade, être violé par un membre de la noblesse était bien la dernière chose qu’il souhaitait. Et puis ces légendes horribles d’homme-démons que lui avait racontés Wildcatt… Non, vraiment, il commençait à devenir paranoïaque.

Et puis, il n’y avait aucune raison que ce soit réellement cela, n’est-ce pas? Un proverbe du royaume disait : « Il est inutile de crier au loup tant que le loup n’a pas attaqué. » En effet, peut-être n’était-ce qu’un marchand fortuné et au grand cœur, qui l’avait sûrement pris pour un sans abri et avait décidé de le recueillir, le temps qu’il aille mieux. La générosité était de ces coutumes propres à Gaïa, qui avait le don de déstabiliser les Britanniens. Dont Zachary, entre autre. Malgré toutes ces années, il avait toujours de la difficulté à concevoir qu’on puisse donner sans rien attendre en retour, et en particulier aux gens faibles et démunis de la société. Ils appelaient cela « agir avec compassion ». C’est ce qu’il aurait dût faire au Saint Empire. C’est ce qu’il aurait pu sauver Mary. Mais il n’avait pas réalisé tout cela. Et Mary, sa douce et chère Mary, était morte. À croire qu’il était maudit par le destin. Il lui semblait presque entendre la voix de son écuyer lui expliquer qu’il avait sûrement possédé un mauvais karma dans une vie antérieure, ou quelque chose comme ça. Il n’avait pas vraiment compris quand elle avait tenté de lui expliquer le concept de réincarnation. Ses croyances étaient trop abstraites pour le Britannien qu’il était. Et cela le désolait. L’Empire de Lumière semblait avoir une culture si riche et intéressante, et tout ça, hors de sa portée… Zachary eut un soupire et ferma les yeux, essayant de calmer son cerveau de plus en plus tyrannisé par son mal de tête. Quelque part au-delà de la muraille du baldaquin, on pouvait entendre un feu crépiter, bruit apaisant qui suffit à détendre son corps et porter son âme dans une sorte de méditation paisible. L’odeur du bois qui flambe et la chaleur ambiante qu’apportaient les flammes lui rappela sa chambre à l’auberge. Sensation agréable que de se sentir dans un lieu connu et apprécié. Son esprit commençait à dériver aux grés de ses impressions, estompant peu à peu ses regrets et sa peine. Il tendait peu à peu vers le sommeil, sentant ses membres s’engourdir et sa respiration se relâcher. Oui, pourquoi pas… Dormir encore un peu, juste un p… Il se redressa soudain de nouveau, et son geste brusque le fit tousser à se vider les entrailles. Il venait de réaliser qu’on lui avait enlevé ses vêtements, qu’il était nu. Mais plus encore, et cela lui fit instantanément oublié ce détail gênant, était qu’il avait perdu la lettre. Ce fut comme plonger de nouveau dans une douche froide. La lettre. Mary. Perdues. Toutes les deux. Et l’une, la plus importante, à jamais. Un sanglot. Un corps qui se laisse retomber sur les oreilles. Un regard vert baigné de larmes qui se rive au plafond. Et la conscience, la sournoise et terrible conscience des pertes, fit son nid dans le coin le plus confortable de son esprit.

Malheureusement, ce fit à cet instant qu’on entra. Prit dans ses tourments, l’argenté avait à peine réalisé que l’on cognait, mais il entendit par contre le battant s’ouvrir et les pas s’avancer. Une main poussa le rideau semblant peser des tonnes et un visage apparu, le visage de l’adolescent qui conduisait la calèche et qui l’y avait entré presque de force.
" Monsieur, il est temps de vous réveiller, vous devez manger. "
En effet, il y avait de douces effluves qui flottaient maintenant dans la chambre, et il y reconnu quelques épices de l’Empire de Lumière, très prisés pour leur goût savoureux. Vaguement, il aperçu derrière le garçon, le plateau sur la table en bois foncé, sculptée avec des motifs discrets mais du plus grand goût. Il n’avait aucun appétit, et pourtant il n’avait pas mangé depuis les derniers vingt-quatre heures. Sa peine absorbait la douleur de sa faim, la mélangeant à ses émotions troubles jusqu’à avoir l’impression de ne rien ressentir d’autre qu’un vide abyssal. Un instant, ses yeux vitreux s’attarda sur le cocher, sans le voir. Puis sa tête pivota pour fixer le plafond, et il ne bougea plus, ses lèvres, et son esprit, clos. Il n’avait plus envie de rien. Juste dormir. Dormir, et peut-être avec un peu de chance, se réveiller de ce cauchemar. Ou bien dormir et ne plus jamais se réveiller. Pour une douce éternité d’inconscience.

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Antoine soupira, replaça sans insister les grand voiles de velours du baldaquin, il ne laissa que comme unique source de lumière le foyer qui irradiait la pièce d'une des plus agréables chaleurs qu'il lui avait été donné de connaître. Pas qu'il ne se plaignit de ses appartements dans l'aile des employés fraîchement rénovée pour être des plus douillettes, offrant une petite salle à manger des plus charmantes, jouxtée aux cuisines, un accès facilité à une salle des bains connectée à l'eau, l'une des nouvelles technologies que leur maître c'était donné tout un mal pour faire ajouter à la maisonnée et sans oublier le petit salon où pouvaient rire et fêter chacun en temps de liberté. La paye n'était pas des plus impressionnantes, mais chacun était nourris plus que décemment, logés dans des chambres spacieuses et confortables (deux par chambre, séparés par sexe ou couple, sinon en famille), habillés d'uniformes de tissus qu'ils n'auraient normalement pas sur fournir à leur famille enfin, ils étaient traités avec respect et équité. Les Hope étaient reconnus comme d'excellents employeurs pour ces raisons, mais pour l'échange des services, ils attendaient un travail sans faille, l'intendance de la maison était donc stricte, mais familière. La villa étant petite, elle comptait peu d'employés. Tout sexe confondu, on comptait deux serviteurs, cinq servantes, une gouvernante, un attendant, deux cuisiniers, un jardinier et deux palefreniers. Dans d'autres demeures, on pouvait trouver autrement plus d'employés, mais il allait sans dire qu'on ne préparait jamais de grand banquet chez Hope, que de petits anniversaires à l'improviste où pendant une soirée, leur maître perdait tout statut et riait dans la salle d'employé, un verre d'hydromel de trop dans le corps.

L'attendant prit le plateau, quitta d'un pas posé la salle en le remmenant aux cuisine où charmée, Adèle, la chef décida qu'elle aimait bien cet invité alors qu'elle vidait le plateau avec appétit. Elle prépara un tout autre repas par après, autrement plus frugal, coloré et aux odeurs délicieuses. Elle préparait toujours un plat spécial pour le petit maître, elle connaissait chez lui ces faiblesse que personne ne comprenait, elle l'avait connu avant même le maître Hope et vouait déjà à cet adolescent l'amour d'une mère. Elle savait que quand il ne se sentait pas bien, rien ne pouvait lui remonter plus le moral que des mets aux couleurs les plus variés et aux goûts différents à chaque fois. La chef expérimentant beaucoup, il arrivait souvent qu'elle mange en compagnie de Klaudius pour tester les mets qui savaient être délicieux comme abjects.

Antoine prit le nouveau plateau, il put reconnaître chaque chose pour une fois et remonta donc aux appartements de son maître qu'il trouva éveillé et debout, un papier entre les doigts. Il reconnut le regard de Klaudius lorsqu'il n'aimait pas être dérangé et déposa le plateau sur la petite table mais alors qu'il quittait, pourtant, le jeune maître l'interrompit. Il portait son habituelle chemise de nuit maculée lui arrivant aux genoux ainsi qu'une paire de pantalons noirs aux rebords effilochés, sa taille frêle était soulevée par la longue robe de chambre en soie à moitié tombé de son épaule qui soulignait la courbe de ses hanches. Il balaya de nouveau une insinuation dans son esprit. Son regard d'un bleu déstabilisant, plus rouge comme la dernière fois, arracha un sourire soucieux à l'attendant.

-Antoine, comment va notre visiteur?

Le jeune homme récita, ne niant pas un certain agacement.

-Beaucoup de fièvre, il va aussi mal physiquement que psychologiquement. Il n'a rien mangé.

Hope referma la lettre qu'il avait entre les mains. Cet homme avait perdu sa femme qu'il avait dû désespérément aimer. Le marchand n'était pas du genre à laisser passer le moindre fil d'information, surtout quand il s'agissait d'un chevalier céleste, qui même dans un pitre état se trouvait être une source plausible d'informations. Mais même si Klaudius ne se gênait pas pour lire le courrier des autres en secret, il ne frappait jamais un homme à terre. Il ne savait pas s'attaquer à un être anéanti. Il garda dans un espace de sa mémoire la lettre, ouvrit son grimoire magique et nota les faits qui pourraient s'avérer utile pour l'élite dans l'avenir puis enfin, comme à son habitude, replia le morceau de papier venu de Brithannia comme s'il ne l'avait jamais lu.

-J'apporte mon repas dans sa chambre et toi, monte lui en un autre, je devine qu'Adèle n'a pas du trop de plaindre., un sourire doux marqua son visage.

D'un pas lent, d'une fluidité et d'une grâce toujours impressionnantes, le jeune marchand prit le chemin de l'aile des invités, il se battit avec la porte pour enfin parvenir à l'ouvrir, mais bon survivant malgré son repas dispersé ici et là sur son plateau, il trouva avec facilité la table, son regard toujours plus habitué à l'obscurité qu'à la lumière. Il alluma les lanternes une à une avec une première chandelle allumée au foyer puis lorsque l'endroit fut assez éclairé pour le chevalier, il trouva les effets qu'une servante avec laissé derrière, un grand bol d'eau ou flottait un mince morceau de glace et une petite serviette en lin blanc. Il ouvrit donc avec une sincère curiosité de baldaquin, la fièvre rougissant son visage, faisant perler sur son front des goûtes de sueur, Zachary Moonlight n'y allait véritablement pas bien.

Il tordit la petite serviette et épongea avec soin le front de l'inconnu qu'il connaissait plus qu'on ne voudrait le croire. Il lui avait même donné deux petit noms, le premier, le plus utile était 74, le second était le chevalier d'argent, ça sonnait légèrement fantasque. Le voyant toujours immobile, même si de par sa respiration, il le savait éveillé, il regarda l'enveloppe.

-Vous savez sire… J'ai déjà vu quelqu'un dans un état aussi terrible que vous…

N'obtenant aucune réaction, un sourire naquit sur son visage froid.

-C'était Antoine à la mort de son père, vous lui ressemblez beaucoup. Vous savez ce que j'ai fait…? J'ai levé mon livre…

Il leva l'enveloppe, faisant fit des yeux fermés du chevalier.

-Et je l'ai abattu sur son visage.

Il s'exécutât avec le mince papier desséché dont l'encre avait coulé et que sans ses talents de lecteur expert, il n'aurait su déchiffrer.

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L’adolescent finit par quitter. Retour au silence. Retour aux pensées sombres qui dévorent l’âme. Et soudain, on s’acharna sur la porte. Ou plutôt sur la poignée. Un bref instant, Zachary eut l’impression que l’on verrouillait, et une vague claustrophobie s’insinua dans son âme, le temps d’une seconde éphémère. Mais la porte s’ouvrit, et il fut instantanément replongé dans son état végétatif de semi-conscient. Des bruit de pas aériens, différents de ceux du cocher. Le son d’un plateau qu’on pose avec attention sur la table en bois. La lumière qui se fait, lentement, de l’autre côté du rideau. On eut dit un spectacle d’ombre chinoise. Sur font de lumière, une silhouette se découpa, frêle et menue, floue. Jusqu’à ce que le baldaquin fût repoussé et qu’il se révéla, enfin, à lui. Un jeune homme. Une tignasse d’or et des yeux bleus luisant dans la demi-obscurité. Une peau blême et des mains fines. Une taille de guêpe dans une robe de chambre en soie, négligemment tombée sur son épaule. Soudain, il parut moins menaçant. Bien moins menaçant. Car il sut, du premier coup, que la personne se dressant au-dessus de lui était bien le propriétaire des lieux, celui-là même qui l’avait côtoyé dans la calèche. L’homme tenait entre ses doigts un linge gorgé d’eau, et Zach gémit sous son contact glacé avec son front. Par réflexe, il ferma les yeux, comme l’on fait pour surmonter une blessure douloureuse qu’on n’a pas le choix d’encaisser.

Le linge finit par quitter sa peau brûlante, retournant dans son bol avec un bruit discret d’éclaboussures, et son corps se détendit sans qu’il n’ouvre de nouveau les yeux. Car le regard de son hôte était trop perçant, trop intimidant, et parce qu’il savait qu’il devrait tôt ou tard lui révélé le pourquoi de sa marche sous la pluie. Chose qu’il n’avait nullement envie de faire, et encore moins maintenant.
" Vous savez ce que j'ai fait…? J'ai levé mon livre… Et je l'ai abattu sur son visage."
Sûrement l’homme n’avait jamais eut affaire avec un chevalier. Sinon, il aurait compris depuis longtemps que ce genre d’humour était plus que dangereux. À peine la main commença à s’abaisser que l’instinct de survie de Moonlight se mot en marche. L’instinct froid et mécanique de celui qui a trop tué pour sauver sa vie. Les paupières s’ouvrirent brusquement, et en une fraction de seconde, Zachary avait roulé sur le côté pour éviter le coup, puis saisit le poignet pour l’immobiliser dans son coup. Il sentit le poignet maigre dans ses grandes mains de combattant. Sa poigne fut si forte qu’il manqua en casser l’os fragile. Et, avant même qu’il n’eut réfléchit à la situation, sa main libre jaillit vers la gorge de celui qui l’attaquait. Pour serrer.

La fin du grand Klaudius Hope aurait put se produire en cette soirée, tragiquement. Le visage neutre, le regard sans vie, Zachary regarda sa proie suffoquer lentement sous sa prise. Sans prendre conscience de son geste et des conséquences qui en suivrai, totalement déconnecté de la réalité, il regarda l’homme mourir. Il sentit le pouls s’affoler contre ses doigts alors que les poumons manquaient d’air. Il sentit la pomme d’Adam se presser contre sa paume. Il vit les deux yeux bleus, si bleus, trop bleus… Et il vit la lettre tomber sur l’oreiller. Ce fut ce qui sauva l’homme aux portes de la mort. L’objet fut un déclique dans l’esprit de l’argenté. Son regard vert redevint conscient, chassant l’ombre qui les avait obscurcis. L’instant d’après, il lâchait prise et reculait, épouvanté. Regardant ses mains comme l’on regarde deux monstres sanguinaires qui, malgré nous, nous appartiennent.
" Je… Désolé, je… "
Son cœur battait dans sa poitrine à les arracher les côtes.
" Je ne voulais pas…"
Son regard perdu, terrifié, se leva sur l’homme, puis de nouveau sur ses mains assassines. Puis enfin sur la lettre. Une lettre de parchemin jaunis par le temps. Une lettre gondolée par le séchage après avoir passé sous l’averse, aux coins souillés par des traces sombres de terre. Une lettre dont l’encre avait bavé pour devenir quasiment illisible. La lettre, celle qu’il avait perdue. Il aurait été capable de le jurer. Son hôte l’avait retrouvée et lui avait rapportée. Et il l’avait remercié par… par une tentative de meurtre incontrôlée.

Zachary gémit, de ce gémissement de désespoir profond, plus bestial qu’humain, et il se recroquevilla en position fœtal en implorant pardon, répétant qu’il ne l’avait pas souhaité, qu’il n’avait pas fait exprès, qu’il n’avait pas voulu, que… que… Sa litanie se perdit en sanglots hoquetant, suivit d’une toux creuse et longue à n’en plus finir, qui suffit à l’achever. Il cessa de parler, son corps toujours fermé comme une huître, dans l’image parfaite du petit enfant effrayé par un cauchemar. Sauf que l’enfant était maintenant un adulte. Un adulte qui avait les cheveux gris, était Chevalier Céleste, mentor d’un écuyer. Un adulte qui avait perdu sa femme et avait manqué tuer un innocent. Ses mains tordirent le drap, qui ne suffisait plus qu’à recouvrir le bas de son corps, son dos luisant de sueur éclairé par la lumière des flammes et son visage masqué par le rideau de sa chevelure d’argent. Et il sanglotait. Honteux. Si honteux d’être un monstre. Un monstre qui se disait être le représentant de la paix, et qui n’était même pas capable de contrôler ses gestes mortels. Un monstre qui avait abandonné sa femme et qui s’était apprêté à abandonner son écuyer. Un monstre horrible. Totalement horrible.

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Hope vit les étoiles, l'étendue, masse sombre qui l'accueillait alors que la vie quittait son corps, il vit le sourire de son père. Il ne sut pas crier alors que sa main libre tentait d'arracher la main qui serrait sa gorge, empêchant l'air de remplir ses poumons, de donner à son cœur quelque chose sur quoi battre. Le sentiment d'étouffement lui fit ouvrir grand les yeux, se débattre alors que son corps déjà faible se voyait arraché toute vie.

Il se voyait mourir, il comprit ce que son maître avait dû ressentir lorsqu'il l'avait étranglé.

L'instant de lucidité qui l'avait marqué à peine quelque secondes disparut ainsi que tout principe, tout idée autre que "survie" ou "survivre". Des larmes jaillirent de ses yeux alors qu'il fixait l'homme, terrifié du vide de son regard qu'il connaissait pourtant, il planta ses ongles dans sa peau, mais ne sut sentir le sang qu'il faisait jaillir des plaies. Il ne pensait pas au fait qu'il ne s'était pas attendu à ce genre de réaction, il ne pensa pas à faire autre chose que de frapper et de s'accrocher à la vie, alors que sa vue faiblissait et qu'il abandonna enfin. Lui qui s'en croyait incapable, devint lentement calme, son cœur commençait à ralentir graduellement, comme sa vue. Il ferma les yeux, laissant son bras pendre le long de son corps puis tout arrêta.

Le contacte du tapis alors qu'il s'écroulait libéré et la violence dans son être qui le fit ouvrir les yeux, haleter avec désespoir, un nouveau regain de vie, un cri, comme celui d'un nouveau né traversa ses lèvres, unique, laissant de nouveau la pièce à une litanie que le jeune marchand crut entendre. Toujours haletant, crispé, dans cet état second, le cerveau encore endormi par le manque d'oxygène, il ne bougea pas quand Adèle laissa tomber le plateau de nourriture et que son sourire habituel quitta son visage rond et familier. La femme, plus qualifiable par matrone prit Klaudius contre elle en hurlant presque d'hystérie alors qu'Antoine, alerté par les cris et ayant accouru, saisissait un couteau pour tuer l'homme qui avait osé lever la main sur Klaudius.

-AAAN--…TOINE! NO….Noo… non…, la voie de Hope tomba comme un lourd rideau, comme une douche froide sur Adèle qui devint muette, pleurant les larmes que son jeune maître ne pleurait plus.

Pour Antoine, ce fut comme si le temps s'était arrêté alors qu'il allait poignarder cet homme, alors qu'il allait se baigner de son sang avec un intense plaisir, avec la bestialité d'un animal et la cruauté d'un meurtrier expert en son domaine. Le couteau tomba dans un bruit sourd sur le plancher. Son visage plat se métamorphosa en peine lorsqu'il vit les marques rouges de strangulation sur la gorge de Hope qui avait un mal fou à reprendre son souffle.

-Mer…ci ma chère Adèle…. Je vais mieux… Ramasses e-et…! Prépare… un dern… ier plateau… Ensuite… repos…. N'en parle pas aux… autres…

Adèle se releva et à l'aide de Antoine, disposa du jeune homme dans un sofa alors qu'il tentait en vain de stabiliser les afflux d'airs dans son corps. L'attendant prit place à côté de Hope, tel un chien de garde malgré son jeune âge tandis que la chef nettoyait puis quittait les lieus, offrant un regard assassin à l'être pathétique dans le lit.

Le repas prit quelques minutes et Hope s'assura de ne trouver aucun poison dans les plats, goûtant les mets non sans soin, sous le sourire rassuré de la femme qui le voyait autrement mieux respirer. Il ordonna à Antoine de rester à la porte après avoir fait venir des vêtements secs. D'un sourire qui se voulait rassurant, Klaudius s'approcha du chevalier, mais son regard froid trahissait l'illusion de chaleur qu'il était rendu incapable de donner. Il avait peur. Peur de l'homme, le meurtrier des chevaliers célestes, le monstre qu'il avait sous les yeux, qui tuait comme une machine, qui l'avait prit par la gorge et étranglé, jusqu'à ce qu'il abandonne la courte vie pour la quelle il s'était battu. Cet être lui donna une raison plus d'aider l'Élite de Sammaël, son cher numéro 74.

Ce fut d'un tour de force qu'il parla enfin, sa voix était sublime, charismatique, mais maintenant glaciale et dénuée de toute forme de chaleur, restant pourtant douce à l'oreille, la voix des charmeurs de morts, une voix qu'il ne savait contrôler puisqu'elle avait été ainsi depuis aussi longtemps qu'il pouvait s'en souvenir:

-Il m'en faut plus pour me décourager. Mais., son regard perçant et glacial trouva celui de l'homme. Seulement car vous êtes fiévreux, je vous pardonne…

Il puisa du courage et alla retrouver la serviette froide dans l'eau glacée et épongea le visage de l'homme avec soin.
Il ne put empêcher son regard de suivre la musculature de l'homme l'enviant malgré lui de sa carrure... masculine enfin. La curiosité était ces cheveux argentés, soit cela faisait partie intégrale de sa génétique, soit il avait attrapé cette maladie qui paralysait le corps entier alors qu'il était plus jeune. On mourrait de cette maladie pas asphyxie lorsque les poumons se paralysaient et s'atrophiaient...

Malgré sa curiosité qui effaçait bien des sentiments de malaise, ses mains tremblaient indéniablement et il se mordait la lèvre inférieure, se répétant l'utilité à venir de ses actions. Il continua enfin, sur le même ton.

-Je suis Klaudius Hope, marchand au travers des terres et vous vous êtes le chevalier d'argent. Dans un temps normal, j'irais vous demander ce qu'un chevalier Céleste va faire nu pied et sans cape par un temps tout simplement horrible et meurtrier. Mais je vais vous épargner les questions… Je vais vous dire ce qu'il va se passer. Vous allez vous habiller de la chemise de nuit qui vient d'arriver et nous allons manger, avec ou sans faim. Ensuite vous rencontrerez le médecin qui va s'assurer de votre état. Maintenant, arrêtez d'être aussi pitoyable et redressez-vous. Vous m'avez presque tué, assumez vos actions, je ne suis pas encore mort et ça, vous le regretterez peut-être.

La gorge douloureuse, il recula, terrifié à l'idée de sentir l'air quitter une fois de plus ses poumons, sachant qu'il n'aurait plus la moindre force cette fois. Il s'assit épuisé sur un sofa faisant dos au lit pour laisser de l'intimité Zachary, son corps devint infiniment lourd. Il n'était éveillé depuis pourtant que si peu. Mais être étranglé par un malade était un sport aussi épuisant que d'essayer de lui parler après les faits. Enfin il soupira et massa son poignet bleuit en retenant un gémissement de douleur.

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Hope le détestait. Normal, il ne pouvait pas lui en vouloir, il l’avait presque tué, mais cela lui fit mal au plus profond de lui. Tout le monde finissait par le détester, de toute manière, mais il n’avait jamais vraiment réussi à s’habituer. Et quand il sentit de nouveau le linge froid contre sa peau, le tissu lui parut plus glacial encore que la première fois. Peut-être parce que les gestes de l’homme n’avaient plus de chaleur. Oui, Hope le détestait. Et Zach eut de nouveau cette envie irrésistible de disparaître, mais le visage de Wildcatt traversa son esprit et il chassa l’idée de mourir. Il avait encore quelque chose à accomplir sur cette terre, ne serait-ce que d’aider une certaine rouquine à combattre sa peur de la nuit. Le lit grinça, et le marchand s’éloigna pour s’effondrer dans son fauteuil, lui tournant dos. Nouveau pincement au cœur, même si l’argenté savait qu’il ne souhaitait que lui offrir l’intimité de s’habiller. Il y eut un temps. Puis Moonlight se redressa, lentement, chercha du regard l’habit en question. La chemise de nuit l’attendait au pied du lit, et il y reconnu le style particulier de l’Empire de Lumière. De quoi le faire sourire, juste un peu, en se disant que Lee aurait été sous le charme. Puis le sourire s’évanouit de nouveau lorsque son regard s’attarda sur Hope. Faisant face au foyer en une sorte de contre-jour, il semblait plus épuisé et vulnérable que lui. Sa tignasse d’or s’était emmêlée, ses épaules légèrement voutés sous la fatigue. Il se rappela ses mots, ceux lui ordonnant de cesser de faire le pitoyable. Il songea à ce lointain Zachary, celui de trois ans, luttant contre la paralysie pour prouver au monde qu’il était fort et digne. Il avait donc changé à ce point? Le regard vert se posa de nouveau sur le vêtement, et il s’en revêtit, appréciant la texture et la souplesse du tissu. Il était temps… Temps de quoi, il ne parvenait pas vraiment à savoir, c’était encore si flou. Mais il sentait battre une nouvelle certitude en lui, la certitude qu’il ne voulait pas voir mourir l’enfant en lui, cet enfant qui s’était dressé si courageusement devant le désespoir. Il pensa de nouveau à Mary, encore. Elle aurait refusée de le voir dans cet état. Il l’imaginait bien, son corps menu se pencher contre le sien, ses bras entourant ses épaules, et son parfum de fleurs papillonnant à ses narines. Elle lui aurait dit de cesser de pleurer, et que toutes les épreuves d’une vie, aussi douloureuses pouvaient-elles êtres, feraient de lui un homme meilleur.

Un homme meilleur… Oui, il le souhaitait tant. Il ne pouvait être parfait, il ne le serait jamais, mais au moins pouvait-il laisser le temps couler sous les ponts et rafistoler les pots cassés. Au moins pouvait-il faire ce dans quoi il était passé maître : survivre. Se redresser et survivre. Les larmes aux yeux, il remercia Mary. Il remercia Wildcatt. Il remercia même cet enfant de trois ans aux cheveux gris, oublié dans son hôpital. Puis, essuyant les dernières traces de sa tristesse, il se leva avec hésitation et quitta le lit. Enfin debout, il regarda de nouveau l’homme devant le foyer. Savait-il qu’il l’avait sauvé de la mort? Et savait-il qu’avec ses paroles, il venait sûrement de sauver son âme?
" … Je vous remercie. Vous avez fait énormément pour moi… Je… S’il y a quoi que ce sois que je puisse faire, pour mon pardon et pour exprimer ma gratitude, je vous en prie, dites-le moi. "
C’était la première fois qu’il parlait depuis si longtemps. Et pourtant, sa voix vibrait d’une soudaine assurance, et d’une sincérité qui en désarmerait plus d’un. Il fit un pas vers le marchand, mais n’osa avancer plus, craignant l’effrayer de nouveau et attirer d’avantage de son mépris. Comme pour le narguer, sa toux revint, si puissante qu’il manqua trébucher et s’écrouler au sol, ses jambes affaiblies par la fièvre et ses heures éternelles à avoir marché sans discontinu. Il se fit néanmoins violence pour rester debout, et y parvint, mais dût pour cela s’accrocher à l’un des piliers de bois retenant le baldaquin du lit. Il fut presque surpris de constater à quel point sa main paraissait pâle et délicate. Comment pouvaient-elles êtres les mains d’un tueur? Il trembla et chassa cette pensée de son esprit. Il ne pouvait pas savoir, plus jeune, dans quelle tragédie il s’embarquait en devenant écuyer. Et maintenant qu’il était chevalier, et de surcroit Chevalier Céleste, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il était temps… Il était temps qu’il assume qui il était.
" Monsieur Hope... Passons à table, si vous le voulez bien. Vos serviteurs vous semblent très fidèles et doivent s'inquiété de vous savoir seul avec moi... "

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Le bruit du tissus en mouvement sut rassurer le jeune marchand, sachant que ses paroles avaient porté effet, que l'homme plus vieux que lui l'écoutait et bougeait, quittait enfin son état de léthargie profonde. Devant l'âtre crépitant, il se redressa, surpris d'entendre la voix réelle, non abandonnée à quelque supplication, de Zachary. Une voix rassurante, teintée de désolation. Mais il y trouva une certaine force qui lui fit du bien. Mais Hope se fit tout un mal de ne pas se retourner lorsqu'il entendit la quinte de toux, doux de nature, il lui était difficile de connaître une véritable haine. Son cerveau calculait le degré de logique de l'évènement, dispensais des savoirs dans chacun des grimoires mentaux qu'il s'était construit au fil du temps et déduisait s'il détestait véritablement, et ici ce n'était pas le cas. Zachary avait quelque chose d'émouvant, le même besoin de vivre que lui, mais d'autres sentiments l'enfermaient sur lui-même, le rendant pathétique. Il ne savait pas si c'était vraiment possible de ne rien ressentir à part le soulagement d'être vif et non mort et une peur exécrable mais muette de mourir, il ne saurait plus être désagréable avec lui une fois les sentiments de frustrations passés. Klaudius aimait vivre avec la sincérité de n'importe quel enfant, il s'était souvent battu pour vivre et ne parvenait pas à comprendre comme on ne pouvait pas faire de son mieux pour se relever, abandonner. Un cauchemar s'insinua devant son regard, il cligna des yeux pour le chasser ainsi que l'inconscience ténébreuse qui suivait normalement ces visions. Il se concentra sur Zachary, se retourna enfin, son regard n'étant plus glacial, mais rempli d'un abandon doux comme sympathique, sa haine et sa frustration ayant prit peu de temps à s'évaporer.

Le chevalier l'invita à manger et le ventre de Klaudius y répondit avec joie d'un gargouillement sonore qui le fit rougir, il soupira.

Il croisa le regard d'Antoine qui se penchait à la porte, il le rassura d'un sourire. Son visage trouva le miroir mural en face de lui et il ne put que noter son pitre état, il semblait autant, sinon plus lamentable de Zachary, ses cheveux déjà débraillés l'étaient encore plus, sa robe de chambre était froissée et détachée, ses pieds nus dépassaient de la base de son pantalon décousue et effilochée. En résumé il semblait porter des vêtements trop grands, comme un garçonnet qui essaie les vêtements de son père, une fillette qui se promène dans les souliers de sa mère. La vision le fit rire, et d'un pas plus léger il se rendit à la table.

-Excusez ma pauvre tenue et pour ce qui est du pardon, je crois vous avoir dit que c'est déjà fait., un sourire moqueur se dessina sur son visage jeune et son regard se réchauffa alors qu'il riait chassant les coups pendables qu'il pourrait faire subir à plus d'une personne d'un mouvement de la main. À moins que vous ne désiriez faire quelque chose de vraiment dégradant? Je ne crois pas non plus... Non… Ne m'abandonnez pas votre reconnaissance, votre regret ou votre pardon, je suis l'une de ces mauvais personnes qui prend plaisir à voir certain faire des actes quelque peu… dégradants… Surtout quand la personne semble honorable et sérieuse comme vous., il devint plus sérieux alors qu'il posait sa tasse de thé tiède sur ses lèvre, imposant son regard perçant aux yeux d'un vert captivant. Sachez que vous ne me devez rien, je n'ai ai que par curiosité, je ne pensais pas vraiment à votre bien lorsque je vous ai fait monter dans ma calèche, j'ai un pauvre attachement à ce pays, pauvre attachement à ses dirigeants et à ses sbires, les chevaliers célestes. Mais ma curiosité semble plus qu'attisée, il semblerait qu'un être friable et humain se cache sous un titre sous des convictions. Je suis content, malgré ce pauvre attachement, de vous avoir recueilli et de pouvoir vous aider.

Il y eut un silence aussi calme de le regard de Klaudius alors qu'il prenait un morceau de fruit, entre ses doigts fin et le glissait dans sa bouche pour grimacer comme un enfant qui déteste quelque chose.

-Maintenant concernant votre séjour, il est hors de question que je vous laisse partir sans vous savoir sur pied, surpassant la curiosité, reste le devoir naturel envers autrui.

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Zachary fut étonné d’entendre son rire. Un rire si pur, si enfantin, lui rappelant irrésistiblement le tintement des grelots porte-bonheur de Wildcatt. Il en fut presque ému. Ce rire était, plus que ses paroles, la confirmation que l’homme l’avait effectivement pardonné. Personne, en présence d’ennemi, ne pouvait avoir une telle candeur. L’argenté en eu même un petit sourire touché, qui s’évanouit presque aussitôt dans un frisson d’horreur quand le marchand fit entendre son effrayante phrase.
" Je suis l'une de ces mauvaises personnes qui prennent plaisir à voir certains faires des actes quelque peu… dégradants…"
Instantanément, le chevalier se rappela la pensée terrifiante qu’il avait eut durant sa phase de fièvre, celle comme quoi on l’avait peut-être recueillit pour… une certaine sorte de faveurs… Aussitôt, Zachary se secoua vivement la tête, refusant à s’aventurer sur cette pente glissante. Mieux vaut ne pas songer à cela, pour l’instant Hope ne semblait nullement de ce genre. Mais la brève image de lui et le blond, enlacés et nus…
* NON!! Arrêtes ça tout de suite, tu vas faire des cauchemars si tu…*
Et il ne pouvait pas aussi cesser de rougir comme un idiot, aussi? Il était tellement pris des ses pensées que c’est à peine s’il comprit le reste des paroles du marchand, et détourna le regard sitôt les deux orbes bleus se rivant comme des lames dans ses yeux.

Sa gêne monta d’un bon cran quand la servante, la même qui lui avait porté son plateau la dernière fois, revint avec un énième dans les bras, jetant sur le chevalier un regard partagé entre la méfiance et la peur. Avec, une fois de plus, l’envie de disparaître ou de se transformer en meuble inoffensif, Zachary fixa un long moment le bois fin de la table, jusqu’à ce que Hope lui fasse soudain entendre qu’il le garderait ici aussi longtemps qu’il serait malade. Ce qui, pour l’argenté, pouvait bien durer presque deux semaines, même pour un simple rhume. Le chevalier leva si vivement la tête à cette annonce que la femme en sursauta, manqua une seconde fois de renverser ce qu’elle transportait.
" Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, il est impossible que je reste ici plus qu’une nuit! Mon écuyer m’attend à l’auberge, si je ne suis pas là avant demain matin elle risque de s’inquiéter! Et la connaissant, si j’ai le moindre retard, je ne vaux pas cher de ma peau… "
Était-ce son imagination, ou il entendit bien la femme glousser en posant devant lui son repas? Oui, bon, se devait effectivement paraître pitoyable, un Chevalier Céleste qui se fait remonter les bretelles par son propre apprenti… Mais elle ne devait pas connaître Lee. Sinon, probablement aurait-elle eut un geste de compassion, un peu comme à un mourant qui s’en va vers une mort certaine. Car oui, Wildcatt allait l’étriper. Avant de fondre dans ses bras en pleurant, mais l’étriper tout de même. Haaa, ces jeunes adolescentes, si pleines de tendresses et de sensibilités…

Même si Zach n’avait pas mangé depuis le début de la journée, il ne ressentait pas la faim, mais se força à avaler quelques bouchés par respect pour son hôte, et pour la cuisinière qui avait fait il ne savait plus combien de plat pour lui. Elle lui avait d’ailleurs concocté une bonne soupe chaude, avec des morceaux tendres de viande et de légumes frais. S’aurait été dommage de se priver, et à mesure qu’il mangeait, son ventre semblait peu à peu se réveiller et lui dire que finalement, il était affamé. Et pour dire que c’était savoureux, avec des épices qu’on retrouvait rarement sur le marché et qu’il reconnu pour avoir fait un séjour à l’Empire de Lumière, le pays des saveurs. Décidément, le marchand était un grand amateur de cette région. Il s’entendrait sûrement bien avec Lee… Déjà que cette dernière n’arrêtait pas de se plaindre que les repas de Gaïa étaient fades et se mettait à saler plus que de raison ses mets. Une fois de plus plongé dans ses pensées, sans vraiment le faire exprès, il ne réalisa même pas qu’ils avaient déjà finit le repas et qu’il n’avait même pas entendu la réponse du blond concernant la durée de son séjour en sa demeure. Il piqua aussitôt un far, s’excusant prestement, et terriblement gêné, lui demanda s’il pouvait répéter.
" Je suis le genre de personne qui tombe si facilement dans la lune, veuillez ne pas vous en offusquer, ce n’est nullement parce que je vous trouve ennuyant… En fait, je… je dois vous avouer que, outre mon écuyer et quelques rares personnes, vous êtes l’un des rares dont la compagnie m’est… plaisante et chaleureuse… "
De nouveau les joues qui rougissent et le regard qui évite celui de l’autre. Il n’était pas vraiment habitué à cette atmosphère, à avouer de tels sentiments. Mais oui, il se sentait bien, soudain, et même sa toux semblait l’avoir oublié pour un moment…

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Le regard de Hope croisa celui de Zachary qui rougissait comme un adolescent. De par ses informations, il savait que l’homme devait avoir à peu près cinq ans de plus que lui. Peu apprécié de ses comparses à cause de la teinte certes curieuse de ses cheveux mais aussi par ses capacités sociales restreintes. Il se trouvait probablement plus vieux que l’enfant devant lui, l’innocence palpable de celui-ci, sa gêne. Puis enfin. Enfin? Il déduisit de par son regard que des idées bien peu appréciables avaient traversé son esprit fiévreux. Avait-t-il cru qui le ferait courir nu dans les rues de la cité? Un autre supplice autrement plus dégradant? Il dût se retenir pour ne pas se lever en criant «Oh non! Non! N’ayez pas ce genre d’idées, voyons! » en rougissant comme lui. Si son esprit s’activait, son regard demeurait calme.

Le tintement du verre d’eau où flottaient maintenant de lamentables morceaux de glace de Klaudius résonna dans la pièce alors que son regard calme complétait son sourire aussi doux que secret. L’homme devant lui s’était rapproché de lui d’un peu trop près par ses paroles, Klaudius n’aimait pas parler de ses envies, de ses pensées, de ses zones de confort, il s’était laissé un peu aller et en ressentait ce vif inconfort. Il était peu habitué à vivre avec des personnes qui ne le servaient pas, il n’en prenait pas arrogance, mais il était de ce genre de personne secrète et polie, purement incapable de parler de leur passé, surtout aussi quand il était aussi sanglant et violent que le sien.

Il soupira pour effacer ses terribles souvenirs qui rendaient ses paupières plus lourdes, reprit une gorgée d’eau et sans revenir sur ses paroles insista sur le séjour de son malade… et probablement source d’information, dénotant par ces paroles son attachement à son écuyer, mais aussi son respect envers celui-ci, quoi que ce ne fut pas vraiment surprenant venant de la gente féminine, les dames gouvernaient dans le secret, c’était le savoir le plus réel et le plus secret… que tout homme savait…

-Et bien, vous écuyer saura bien entendre demain? Vous me direz où la trouver et je la ferai quérir par mon attendant. Cela vous convient-t-il sir?

Un instant sembla penser alors que dans sa tête se formaient des questions, enfin, avait-il des vêtements valables pour une damoiselle? Peut-être chez la fille d’une des servantes, il ne savait réellement pas. Il regarda longuement l’homme divaguer, satisfaisant sa curiosité alors l’observant dans les moindres détails. Il était bel homme, une stature respectable pour un chevalier, ils partageaient une certaine blancheur de carnation curieuse, il semblait sortir d’un des si nombreux livres où on parlait d’être magiques des plus diversifiés. Fantasque et imaginatif, Hope lui aussi se perdit dans ses pensées avant de s’en faire expulser par la personne qui l’y avait guidé.

L’homme s’excusait de son attitude, qualifia sa présence de plaisante, mais Klaudius n’en prit pas grâce ni compliment, et doucement, alors que le fatigue percutait avec un peu plus de force son corps, il répondit, n’exprimant ni joie, ni haine ou encore fierté, son ton demeurant calme et doux alors que son sourire secret demeurait.

-Et bien j’en suis certainement flatté. Nous sommes deux à nous être abandonnés à nos pensées, donc, laissez moi m’excuser comme vous., il sembla réfléchir quelques instants. Pensez-vous être prêt à me donner la raison de vos actes d’aujourd’hui? Vous auriez bien pu mourir à rester à l’extérieur par un temps pareil… Mais si vous ne désirez pas en parler aujourd’hui, libre à vous, mais j’exigerai une réponse d’ici la fin de votre séjour d’accord?

Il savait déjà de quoi il s’agissait, mais jouant toujours les ignorant, gagnant par l`une forme de reconnaissance obtenue du respect de l’intimité, il prouvait par ces questions lancés sur un ton doux ponctué d’innocence le fait qu’il n’avait pas lu le papier.

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La question de Klaudius fut comme une douche froide. Ou comme une claque en plein visage. Baissant la tête, l’argenté encaissa douloureusement avant de soupirer et de se reprendre, après un silence plus ou moins long.
" Je… Je préfèrerais en parler plus tard, si cela ne vous dérange pas. J’ai besoin de temps pour… pour faire mon deuil. "
Il n’en dit pas plus. Il devinait que son hôte respecterait sa décision. Le chevalier s’empressa aussi de rapidement détourner la conversation sur Wildcatt. D’après ce qu’il avait cru comprendre, le marchand refusait de le laisser partir tant qu’il ne serait pas guérit, et semblait vouloir installer aussi pour ce temps la jeune écuyère. Le chevalier eut une hésitation. Lee était farouche, imprévisible, et surtout, se faisait un plaisir de rabaisser les riches de la société. Hope n’allait sûrement pas être épargné de ses remarques venimeuses et sarcastiques, qu’il ait sauvé Zachary ou non, qu’il aime l’Empire de Lumière ou pas. Et l’argenté sentait que les problèmes n’allaient pas tarder à se pointer avec la rouquine en la demeure, et ce pour plusieurs jours, voir une semaine complète. Tout ça sentait le roussit, et il commençait à apprécier la présence du marchand. Que l’impolitesse de l’écuyère brise leurs liens tout nouveaux serait d’une grande tristesse.

D’un autre côté, il n’avait pas vraiment le choix. Et puis, il se sentirait coupable de laisser aussi longtemps son écuyère sans aucune nouvelle. Elle ne méritait définitivement pas cela. Après avoir pesé le pour et le contre, il soupira de nouveau, et décida de rester le plus honnête à ses sentiments.
" En ce qui concerne mon écuyer, cela me va, mais j’aimerais vous avertir d’avance. Lee est une fille… disons… allergique aux gens fortunés, et malgré tous mes efforts, elle ne possède aucune base de politesse. Elle risque de vous causer bien du souci, aussi sachez que je prendrai la responsabilité de chacun de ses actes et de ses paroles. "
Il voulut expliquer le pourquoi des réactions de la jeune fille, mais préféra s’abstenir. Le sujet n’intéresserait sûrement pas son interlocuteur. Il ne pouvait comprendre que Wildcatt affichait un tel caractère pour dissimuler ses faiblesses et paraître plus forte, ni que ses taquineries discourtoises était une sorte d’humour qu’il fallait patiemment déchiffrer. Seul Zachary l’avait compris, et c’était au prix de longs mois en compagnies de la rebelle.
" À moins qu’elle n’ait enfreint mes ordres, elle doit encore se trouver à l’auberge de la Marmite Rieuse, pas très loin de la place du marché. Son nom est Lee Wildcatt, c’est une jeune fille de douze ans et elle est d’un roux flamboyant, votre intendant ne peut pas la manquer… Et par la même occasion, si votre homme peut transmettre au propriétaire de quoi payer ma chambre, je devais lui remettre l’argent pour demain matin. Ma bourse doit être avec mes vêtements, je lui fais confiance pour qu’il la prenne et paye sans m’en voler. "

En effet, bien qu’ayant essayé de le décapiter de son poignard et ne semblant pas le porter dans son cœur, l’adolescent ne lui avait pas semblé un mauvais garçon. Certes, maintenant qu’il se rappelait de la scène, il lui sembla avoir vu un terrifiant éclat dans son regard quand il avait voulut se jeter sur lui. Après avoir vécu plusieurs batailles, Zachary savait reconnaître dans les yeux cette lueur de folie meurtrière et de goût du sang. Mais il pouvait pardonner à l’intendant cet écart. Il avait manqué tuer son maître, après tout, et l’homme semblait très apprécié auprès de ses serviteurs.
* Et avec raison… *
Zachary avait rarement vu quelqu’un dégagé autant de fragilité et de force tout à la fois. Une sorte de charisme bien particulier, mélangeant chaleur et distance. Le genre à emmener facilement le respect, d’abord et avant tout parce qu’il semblait respecter les autres. Rares étaient les gens aisés qui ne traitaient pas les autres de manière hautaine, et les gens comme Klaudius étaient alors vus comme de grands personnages.

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Hope fit comme si de rien n'était devant l'hésitation du chevalier devant lui, perdre son épouse ne pouvait être quelque chose de moindrement facile, il avait encore à ce jour du mal à parler de son père adoptif ou encore de son premier attendant. Il soupira, puis se leva, trouvant une nouvelle énergie de son délicieux repas. Il regarda son pitoyable accoutrement, froissé par leur échange plutôt violent. D'une main agile, il replaça chaque tissus à leur place, il finit par ressembler à une jeune bourgeois bien habillé, ses vêtements semblaient se défriper sous le moindre de ses touchers. Il replaça enfin sa robe de chambre, serra la ceinture et alors qu'il reprenait place, soupira avec exaspération cette fois-ci en sentant la manche tomber de son épaule encore une fois. Il rendit son attention à l'argenté, tâtant le bois vernis et tiède de ses pieds nus, rencontrant sans faire exprès le pied de celui-ci, il se rétracta brusquement, son visage revêtant une certaine gêne dénuée d'arrière pensée, un simple inconfort vraiment visible. Il s'excusa d'une petite voix polie et posée.

-Je crois vous avoir dit que je vous gardais ici peu importe les conséquences, tant qu'elle ne brise rien, tout va pour le mieux. Je ferai apporter un lit à votre chambre., son regard s'adoucit d'une certaine naïveté: Je ne garanti pas de baldaquin, mais je sais qu'un écuyer doit dormir aux côtés de son maître et sincèrement, pour n'avoir jamais été l'hôte d'une dame, je suis rassuré qu'il s'agisse d'un écuyer…

Il fronça ses sourcils en entendant parler de politesse. Il se leva de nouveau puis de son pas léger, flexible, semblant se fondre à un rythme nul, inexistant, un pas d'une fluidité inhumaine, difficile à définir, inspirant fragilité mais imposant quelque chose de plus fort encore, il se dirigea vers une grande carte affichée sur un mur, posa un doigt sur les locations.

-Du grand port de Brithannia… son doigt glissa sur une location éloignée mais sur le même territoire. Au désert de Mordred…. Ensuite un grand détour par la capitale de pendragon, retour au port, voyage en mer de deux mois…

Ses pas le guidèrent vers une carte plus grande d'un seul continent. Son regard s'illuminait de passion, de fierté alors qu'il décrivait des trajets difficilement imaginables. Son regard finit par chercher une carte qu'il ne trouva pas. Douce et agréable, sa voix remplit la salle décrivant toujours, encore et toujours des trajets, gaïa, l'empire lumière, Brithannia, d'autres petites îles ne surent être épargnées.

-Dans ces voyages, j'ai rencontré des centaines de personnes, trois grandes cultures divisées en variétés énormes et si j'ai su apprendre quelque chose, c'est que le respect est quelque chose qui se gagne, je ne m'attends à rien de personne. Mais ils sont mieux ne de rien attendre de moi non plus. J'ai marchandé avec les pires vandales pour des vies, j'ai habillé des chefs d'états, des saints, mais cela ne signifie pas que je les respecte ou que je mérite du respect… De toute manière, je sors très souvent pour… affaires…, le dernier mot prit une tonalité mystérieuse.

Un grand sourire s'afficha sur son visage et enfin, un peu enjoué à l'idée d'avoir un invité, Hope l'invita:

-Après un aussi bon repas, vous sentez-vous la force de visiter?

Il se perdit dans les yeux penseurs de son interlocuteur encore une fois, il y décelait encore une ombre de fièvre, elle avait définitivement baissé mais rien ne garantissait qu'il en resterait ainsi pour longtemps. Pour un chevalier céleste, il semblait bien doux, quelqu'un d'aimant au final. Il ne savait faire autrement qu'être ravi de sa présence loin d'être désagréable.

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" Vous n’avez pas à monter de deuxième lit, je vous assure. N’ayez pas d’arrière pensée, mais Lee et moi dormons sous les mêmes draps. "
Et, baissant le ton en un murmure, comme un gamin délivrant une anecdote comique qui ne doit pas être répétée.
" Je risque ma peau à vous le révéler, mais elle est terrifiée par le noir et refuse de fermer l’œil si je ne suis pas à ses côtés. "
Sur quoi il eut un sourire amusé et mis son doigt devant sa bouche pour mimer le silence. Décidément, la rouquine allait l’étrangler si quoi que ce sois lui parvenait à l’oreille. Son expression se troubla quand un éphémère touché frôla ses pieds nus, et il eut toutes les misères du monde de ne pas rougir lui aussi en remarquant l’expression gêné de son hôte. Faisant comme si de rien était, il se concentra sur la carte et les paroles de Hope lui décrivant ses voyages au travers du monde. Cela l’impressionnait. Même lui, pourtant Chevalier Céleste, n’avait jamais autant voyagé. Mais surtout, il savait qu’une grande majorité de marchand ne prenait pas la peine de faire tous ces déplacements, payant plutôt des subordonnés pour le faire. Aussi son respect pour l’homme monta à nouveau d’un cran. Décidément, Klaudius semblait un être à part.

D’ailleurs, en y pensant bien, il ne se souvenait pas avoir entendu le blond parler de ses affaires. Que pouvait-il bien vendre? Il avait parlé d’habiller des chefs d’états, donc sûrement un vendeur de tissus et de vêtements, mais il avait aussi mentionné avoir marchandé pour des vies qui devaient assurément être humaines. Ça, c’était beaucoup moins rassurant, surtout avec le ton qu’il employait… Mais Zach préféra ignorer, il devait sûrement se faire des idées. Comment quelqu’un d’aussi agréable pouvait faire un commerce noir et immoral? Mais il fut rapidement sorti de ses pensées par un jeune homme aux yeux bleus ravis, lui proposant la visite des lieux. L’argenté, intéressé, s’apprêta à répondre par l’affirmative en se levant avec énergie. Erreur fatal. Il eut une faiblesse soudaine, des étourdissements, et il s’écroula dans sa chaise, parcouru d’une toux profonde. Quand enfin il put articuler plus de deux mots, il étira un sourire sincèrement désolé.
" J’ai bien… j’ai bien peur qu’il ne faut attendre à demain… Il est d’ailleurs très tard, je crois… Une bonne nuit de sommeil ne nous fera aucun tord. "
En effet, bien qu'il n'ait pas souhaité le souligner, Hope lui semblait un peu blême et les traits fatigués.

(Je sais... longue absence et petit message, c'est pas super. Je promet de me reprendre.)

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Klaudius sourit doucement, ses ardeurs prenant une certain envolée, ses deux pieds retrouvèrent le sol, direction opposée mais confortable. Montrer sa demeure à un chevalier Céleste…. Pas qu’il ne cache chez lui quoi que ce soit d’incriminant. Le blondin se retrouva près du chevalier en deux enjambées fluides à la légèreté passablement curieuse. Il le guida vers le lit après lui avoir fait avaler une médication faîte à partir de sauge pour calmer la douleur de la toux et la fièvre. Silencieux, après s’être assuré que Zachary était bien emmitouflé dans ses couvertures qu’il referma le baldaquin, ses pas et les crépitements du feu étant les seules choses qui rompirent le silence presque mortel. Les chandelles furent éteintes tour à tour.

En sortant il croisa le regard d’Antoine qui ne donnait toujours pas cher de la peau de l’homme aux couleurs d’argent. Mais d’une main calme, Klaudius le guida plus loin, lentement, en toute douceur, il lui expliqua l’utilité de la présence de cet homme. Ils s’arrêtèrent devant la grande baie vitrée située en haut de l’escalier central qui menait du hall aux ailes. La pluie semblait s’être arrêtée, la terre séchait en rapidité sous la lumière des lanternes magiques, seule la nuit semblait rendre justice à ce jardin tant magnifique. Il ne pleuvrait pas le lendemain et Hope prévoyait déjà passer la journée à lire dans le jardin. Gaïa semblait célébrer son retour en lui envoyant du beau temps. Même si son corps ne supportait plus la lumière, il adorait s’installer à l’ombre des arbres avec un coussin et un bouquin. Revenant au présent, le jeune marchand trouva un regard plutôt curieux venant d’Antoine déposé sur lui, comme pris en défaut, le jeune homme se détourna quasi brutalement pour ne pas avoir à affronter le regard perçant de son maître qui préféra ne pas aborder un sujet qui serait probablement dangereux.

-Et bien, Antoine… Demain matin, tu me rendras un grand service, tu iras faire chercher l’écuyer du chevalier. Tu la feras installer dans sa chambre. Tu tireras de son manteau des pièces pour payer son séjour à l’auberge la Marmite… Rieuse, mademoiselle Lee à la Marmite Rieuse...?, le visage de Hope blêmit en quelques instants, sa vision de brouilla. Il cligna pour la rétablir mais elle ne revint pas, s’assombrissant de plus en plus, il demeura debout encore énergique et continua en clignant toujours des yeux : Tu donneras mes salutations à Klay… l’aubergiste. Je compte sur toi pour ne pas faillir à ta tâche même si un peu comme moi, tu…

L’adolescent parut hésiter puis prit Klaudius par les épaules, le soutenant comme pour prévenir quelque chose qui venait. Klaudius défaillit, son corps devint lourd comme pierre d’un seul coup alors qu’il s’écroulait. Ses yeux grands ouverts étaient tenus aux ténèbres puis l’inconscience l’emporta. L’adolescent, abandonna Klaudius à des servantes épouvantées qui le transportèrent au lit. La villa Hope sombra par la suite dans la léthargie du sommeil. Des servantes se relayant aux soins de Zachary alors qu’on laissait Hope dormir tout son saoul. Le matin arriva, un soleil fort, puissant illumina Gaïa, réchauffant la terre, la température se fit ressentir partout, mais la lumière ne traversa pas les lourds rideaux de velours des chambres de la villa.

Fendant le silence matinal résonnèrent dans la coure les rires des palefreniers qui attelaient les chevaux à la calèche encore humide de la saison des plus qui venait de prendre fin. Antoine, qui semblait se désoler de ne pas pouvoir se joindre à eux soupirait haut et fort. Bientôt l’attelage traversait la ville et c’est d’un pas enjoué sous le soleil qu’il trouva la dite auberge, salua Klay en demandant par la suite où était la chambre de Zachary Moonlight. Puis cognant la à la porte, sa bonne humeur teinta son visage comme le soleil alors qu’il souriait, faisant une courte révérence :

-Mademoiselle Lee?

Antoine à seize ans était un jeune homme au charme peu commun, un peu ignare et naïf, il préférait donner toute son attention à ses devoirs plutôt que de jouer des jeux de séduction comme les autres jeunes de son âge.
~[]~


Hope sortit du lit en s’accrochant à la commode. Ce matin là, il se laissa habiller pour une des rares fois par quelqu’un. La seule personne ayant droit de le toucher, outre Antoine, était Adèle et ce fut elle qui l’habilla, le vêtit chaudement pour l’emmener dans le jardin où callé dans large balançoire de confort, il s’abandonna la lecture tant attendue à l’ombre d’un grand érable. Il demanda à ce qu’il ne soit pas dérangé, tenant à profiter d’un peu de repos à son arrivée.

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" Mademoiselle Wildcatt? Une lettre pour sir Moonlight. "
Quelques coups discrets à la porte, la voix chaleureuse de l’aubergiste étouffée par le battant. La rouquine se tira du lit la mort dans l’âme, les cernes creusant son visage épuisé, les cheveux en bataille, sa chemise de nuit pendant tristement sur ses épaules. Encore une fois, les tiques ne l’avaient pas épargné, mais ce n’était rien comparé à ses muscles criant de douleur, lui arrachant une grimace à chaque mouvement. La nuit avait été horrible. Totalement horrible. D’un pas traînant, mécanique, elle atteignit la porte qu’elle ouvrit d’une main molle et sans enthousiasme. Comme elle s’y attendait, Klay était derrière, sentant bon la cuisine et le savon à raser, ses longs cheveux poivre et sels noués en catogan.
" Il n’est pas rentré? "
Il fit non de la tête, l’air peiné, et la fillette sembla se décomposé devant lui en un être plus morne encore qu’elle ne l’était déjà. Elle ne regarda même pas la lettre que lui tendait le propriétaire lorsqu’elle la saisit dans ses doigts.

S’apprêtant à refermer la porte et s’isolée dans son malheur, elle fut arrêtée par la main apaisante du propriétaire se posant sur son épaule frêle.
" Tu sais où il est parti? "
" … Non. "
" Il reviendra, au moins? Pas que je sois pressé, mais il devait me payer aujourd’hui, et…"
" Il m’a dit qu’il reviendrait ce matin. C’est tout ce que je sais. "
Un silence, mais la poigne ne quittait toujours pas son épaule. Cette constatation irrita Lee, sans qu’elle ne le veuille réellement. Il n’y avait que Zachary qui pouvait se permettre autant de familiarité, personne d’autre. Ses yeux azure se levèrent comme des lames sur le visage de l’homme, dont le regard trahissait une hésitation certaine.
" Je… Je sais que ce n’est pas vraiment le moment, mais des clients se sont plains du bruit et de l’odeur d’encens qui provenait de votre chamb…"
" ET BIEN TU LEUR DIRAS D’ALLER SE FAIRE FOUTRE!!! "
Et d’un geste brusque, elle se dégagea et lui claqua la porte au nez en retenant ses larmes. Le monde était peuplé de crétins congénitaux, et leurs voisins de chambre les premiers.

Balancer de toutes ses forces la lettre sur son lit ne suffit pas à calmer ses nerfs. Elle cria sa rage, et frappa du pied le pot contenant les cendres de l’encens. Dans un bruit métallique, l’objet frappa le mur en renversant son contenu, et la petite gémit en sentant se propager la douleur dans ses orteils. Elle avait oubliée qu’elle était déchaussée. Jurant, en larmes, elle se laissa effondrer dans le lit et se replia instinctivement en position fœtal. Le monde était injuste et cruel. Zachary n’allait pas revenir et elle allait se retrouver seule, seule comme avant, toute… toute seule et… et… Un sanglot l’étouffa, nouant sa gorge, et elle crispa ses doigts sur ses genoux recouverts de piqures. Qu’est-ce qu’elle devait faire, maintenant? Elle n’avait pas assez d’argent pour vivre à l’auberge, et son titre d’écuyer n’était qu’à moitié officiel puisque Zachary l’avait pris sous son aile malgré les refus de son ordre de chevaliers. Elle allait… devoir retrouver la rue. Peut-être proposer ses services à une famille de paysans, qui la feraient travailler comme une bête pour une bouchée de pain. Et elle serait toute seule. Sans avenir. Sans… sans rêve…
" Zach… Merde, Zach… "
C’est à ce moment-là que, pour la deuxième fois de la journée, on frappa à la porte. Mais ce n’était pas la voix de l’aubergiste.

" Mademoiselle Lee? "
Une porte qu’on ouvre à la volée. Une gamine de douze ans, le regard fou, qui saute presque au cou de l’arrivant.
" C’EST ZACHARY C’EST ÇA?!?! C’EST LUI QUI T’AS ENVOYÉ?!?! OÙ EST-IL, OÙ EST-IL QUE JE LUI FASSE BOUFFER SES INTESTINS!!! "
Elle tremblait, incapable de se retenir, les yeux rouges et bouffis, les vêtements froissés. Et devant lui, un jeune homme d’environ quoi, quinze ans, qui la regardait d’un air surpris et totalement déstabilisé, un jeune homme… plutôt… plutôt… pas mal? Non, plus que ça, du genre vraiment… bien? Belle gueule, beaux vêtements à la coupe simple, et… quelque chose de… de…
" Je… "
C’est probablement à ce moment-là que Lee réalisa dans quel état pitoyable elle était. Et que, pour l’une des rares fois dans sa vie, s’en soucia autant, elle qui d’habitude ne portait que peu attention à ce que les gens pouvait penser d’elle. En fait, elle aimait bien les choquer, mais ce gars-là… et bien elle ne voulait pas. Et ne voulait surtout pas s’avouer la raison du pourquoi et du comment qu’elle ne voulait pas qu’il la voit dans cette tenue débraillée, la tignasse folle et le visage mort.
" Restes là, je vais me changer. "
Et le visage couleur tomate, le regard fuyant, elle lui claqua la porte au nez sans même lui laisser le temps d’ouvrir la bouche.

Une quinzaine de minutes plus tard, elle ouvrait de nouveau. Ses cheveux, où pendaient sa multitude de perles colorés, avaient été domestiqués à coup de brosse et elle avait revêtue tunique verte, bustier en cuir et bottes. À sa ceinture, ses grigris porte-bonheur bondissaient à chaque mouvement, les clochettes répandant leur son cristallin dans l’air. L’adolescent n’avait pas bougé, et semblait encore sous le choc de leur premier échange verbal. Essayant de garder contenance, la rouquine le foudroya d’un regard de tigresse prête à mordre, mais son teint rouge coquelicot lui fit lamentablement perdre crédibilité.
" Alors, t’es qui? Tu me veux quoi? "

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