~°Bibliothèque Galienne°~
Ma vieille monture paissait tranquillement dans les écuries voisines de la librairie, à quelques centaines de mètres de cela. Ethan lui était resté au château, ne souhaitant en rien finir engourdit par les trombes d'eau tombant du ciel, j'avais donc était escorté par une poignée de soldats très efficaces en cas d'attaque. Tout cela ? Simplement pour replonger mon esprit dans la lecture prestigieuse des archives de ce bâtiment qui abritait des recueils à mes yeux inestimables. Je m'arrêtais devant l'édifice et levais les yeux au niveau des balcons ornés de sculptures et de balustrades de marbre. Une somptueuse façade de l'art baroque qui fleurissait en ce moment. Dommage que le temps soit si triste, j'aurais tant aimer voir cette structure de marbre blanc briller aux rayons scintillants du soleil. La porte de chêne massif, décorée de gravures et enluminures multiples venait de s'ouvrir devant ma silhouette encapuchonnée et me cédait maintenant la place à la salle principale. Vaste, coquettement emménagée et correctement chauffée, je me dirigeais donc derrière les grands paravents qui camouflaient ce que l'on pourrait nommer d'arrière boutique à plus petite échelle. A première vue, les garçons qui se chargeaient de l'accueil n'étaient pas là, ou pas disponible. Le libraire lui travaillait un peu plus loin et m'avait convenablement salué lors de mon entrée dans son domaine.
Je parcourais donc les étagères du regards, recherchant l'Histoire qui couvrait mon château et mes aïeux. Peut-être parviendrais-je à connaître certaines vérités sur le sort de mon père ... Et même sur celui de mes sœurs et de ma mère ... Je soupirais tandis que mon regard passait d' arrête en arrête dans l'espoir de trouver un quelconque ouvrage sur le sujet que je recherchais. Je m'inclinais afin de mieux pouvoir lire les titres à l'écriture manuscrite des livres entreposés tout en bas de l'étagère. Je finissais par tirer au bout de quelques minutes d'observation un pavé de plusieurs livres (unité de poids >.<) avant de le poser sur la petite table à laquelle je pris place quelques instants plus tard. C'était un ouvrage dans lequel toute ma lignée était répertoriée. Je voyais le visage de ces ancêtres que je n'avais pas connu et que je ne connaîtrais sans aucuns doutes, jamais, ou du moins jamais selon les rites de la magie blanche. Je voyais l'arbre généalogique se déployer devant mes yeux, ces cousins dont je n'avais plus de nouvelles, dont j'ignorais s'ils étaient encore bien vifs ou six pieds sous terre, mes grand-parents ainsi que tous leurs prédécesseurs. Mon cœur se serrait lorsque je voyais le nom de ma jeune sœur, Idris ainsi qu'une petite peinture la représentant, dans le coin de la page, juste à côté de mon nom. La plus jeune de mes trois sœurs ... Elle qui malgré ses onze ans parvenait à monter plutôt convenablement pour son âge les chevaux de Père et de Mère. Tout était juste et validé par la main des copistes, aussi bien les noms que les dates de naissance. Les biographies l'étaient aussi mais concernant leurs mort, elles ne semblaient pas avoir été remplies.
Je tournais les pages distraitement alors que les hommes m'accompagnant surveillait avec vigilance l'endroit dans lequel nous étions. J'avais quelque part un mauvais pressentiment, les lieux étaient trop calmes et inhabituellement déserts. Le seul son qui parvenait à raisonner dans la pièce était le crépitement des bûches et le souffle léger du feu dans la cheminée. Dans ma tête se mêlaient aussi un bon nombre de souvenirs datant d'une bonne dizaine d'année, les rires et les danses au château ainsi que les promenades que nous faisions moi et mes chères soeurs ... Les jeunes années de Ceylan, de Styx, de Seryel et de Floyd, montés dans le même ordre par moi-même, Idris, Sélène et Saly. Que me restait-il à part ces vieux songes qui repeuplaient ans cesse mes rêves comme mes cauchemars ? Me hantant même pendant mon éveil. Je soupirais en regardant le seau de ma famille sur la couverture de l'ouvrage à laquelle je venait de me référer. Elle était usées, vieilles, ce qui pouvait certainement prouver qu'elle avait été reliée aux pages il y a de cela un siècle et demi, là où la famille avait mis en place la dynastie qui n'avait pour le moment en aucun cas été critiquée, ou du moins pas dans le sens des plus mauvais.
La carillon retentit alors dans l'infrastructure vaste. Je sursautais, ne m'y attendant pas pour le moins du monde. Toujours personne. Nous étions toujours cinq dans l'immensité de cette librairie dont une vie ne suffirait pas à lire tous les ouvrages. Je me redressais afin d'aller me rapprocher de la cheminée pour me réchauffer un peu. Le froid cinglant de l'extérieur parvenant à filtrer à travers la vitre glacée. La lueur des flammes n'était pas aussi éclairante que celle de la fenêtre mais il était possible de distinguer les quelques photographies et la plupart des inscriptions sur les pages du bouquin imposant que reposait maintenant sur mes genoux. je commençais vraiment à avoir hâte de trouver des informations, ce qui n'était pas forcément bon signe ... La cupidité ne m'attirerais que des ennuis, sans compter que l'envie de vengeance rongeait déjà mes os. Je continuais de lire en diagonale les pages usées du livre, m'arrêtant de temps à autres sur quelques informations importante concernant mon propre père. Il aurait été un des piliers de l'ordre des Chevaliers Célestes avec plusieurs autres hauts dirigeants des États voisins. Il avait lancé le projet avec le dernier Empereur de Lumière et aurait aussi permis la finance de l'Ordre, ce qui explique aussi pourquoi un des principaux QG de l'Ordre se situait à Gaïa, mais cela, je n'était que le seul hors de l'Ordre à le savoir. Quoi que .... Hors de l'Ordre ... J'étais tout d même assez proche du Lieutenant Lamperouge.
Je fermais le livre alors que quelqu'un entrait à l'intérieur de la bibliothèque. D'après le soldat venant murmurer à mon oreille, ce serait une jeune femme d'une vingtaine d'année, seule, non armée. Aucune raison de s'inquiéter à priori. Je reprenais donc la lecture à l'endroit auquel mon index s'était logé afin de ne pas perdre la page à laquelle je m'était arrêté, regardant les portraits de famille qui commençait à me déchirer le cœur, à trop voir mon visage enfantin, innocent, souriant et loin de toutes résponsabilité.